Donc, du blabla d'automne…
L'eau tombe enfin un peu sur nos contrées, le froid se pointe, et hier soir, le village était animé de bandes d'enfants ayant faite leur une tradition anglo-saxonne d'origine Celte nous dit la wikipédia…
Si les dentistes sont dans toutes les têtes à ce moment-là, cette joie païenne de pensée aux morts a aussi quelque chose de bien réjouissant, finalement. Voir tous ces mômes courir partout de maison en maison, nous rappeler que la mort est constituante de la vie, malgré tout, et peut-être justement, qu'avant qu'elle n'arrive à chacune de nous, de profiter au mieux de ce que la vie nous permet !
Entre la vie et la mort, se situe le clown… (très bons livres jeunesse).
Cette période, plutôt propice au repli au chaud qui s'annonce est encore bien étrange. Et si ce monde semble vouloir nous confronter à le penser, il semble aussi de plus en plus compliqué de le faire. Et je crois alors, dans les grands moments de doutes, que c'est aussi la raison d'être d'une librairie telle que la Palpitante…
Je veux dire, tenter de penser le monde, avec l'esprit, les lettres, le cœur et les autres. Il semble que les écrans et les gesticulations de nos politichiens (accumuler l'électorat comme un capital financier) ne nous y aide pas trop. La réaction pseudo-reptilienne qui émerge et fait tant d'impensés devrait nous forcer à aller au recul.
Parfois, forcément, nous nous demandons si ce que nous faisons (conseiller, vendre et stocker des livres) a vraiment du sens, écologiquement, politiquement, philosophiquement – en buvant un café avec Léa – café qui aura traversé un océan, une mer, torréfié à Mens, certes, mais que nous pourrions remplacer par une chicorée, une tisane, de l'eau chaude simple – en mangeant une brioche de chez Martine – brioche avec du sucre, et… bon, je crois que vous avez saisi.
Donc, parfois, on se dit « à quoi bon ??? »
Et on regarde le plafond, nos chaussures ou les piles de livres qui tentent de joindre les deux parfois…
Et puis, une question, une demande, un choix, la pile de livres variée qu'une personne pose à la caisse, les échanges qu'on a avec vous, les lectures qui nous reviennent nous font comprendre, à quoi bon nous sommes. Du moins, nous le tentons nous.
Une librairie, et ça fait plus de 20 ans que je l'observe, c'est aussi et surtout, une communauté, un quartier dans le village. Un endroit où l'on passe, on s’imprègne de la vie à travers les livres qui, tranquilles, reposent sur les étagères et parfois on tombe sur un qui (ou parfois c'est lui qui nous tombe dessus… ce qui est fréquent chez nous…) va changer quelque chose. Un instant, une humeur, une façon de voir le monde, sa vie.
Bon, ça faisait longtemps que je ne vous avait pas fait de story-telling, alors je me lâche un peu. J'en profite aussi, Léa est en Vacances… Mais Lucy est là, notre metteuse à part de choc, toujours vaillante, à enregistrer, trier, ranger les livres qu'on aime ou qu'on aime pas trop.
L'affaire du choix des livres inclut bien l'idée qu'on tentât de satisfaire au mieux la majorité… Et que, à l'instar d'une célèbre, et Ô combien nécessaire, épicerie de notre village cela impliquât que nous soyons bien garnies (même si je commence à douter pour moi-même…)
Et ce début de novembre voit aussi Aude Lugué, psychologue en questionnements (du Mans) faire un stage chez nous deux semaines. Peut-être un jour elle aussi se posera-t-elle les questions du genre… À quoi bon ??
Allez, je vais boire mon café et manger des brioches…
Raphaël
(et Léa en vacance, Lucy sous les piles de livres et Aude qui observe)